Les fenêtres baudelaire
Baudelaire, premier poète de la modernité, a considérablement élargi le champ de l’expérience poétique. Il a développé la faculté de reconnaître dans la banalité du réel une mystérieuse beauté, à l’image de la phrase « J’ai pétri de la boue et j’en ai fait de l’or » extraite des Fleurs du mal. Dans ses poèmes, il s’est fait homme de la rue, voyeur et voyant (à l’exemple du poème A une passante des fleurs du mal) .
Ce poème en est la parfaite illustration.
I-Le paradoxe de la fenêtre fermée
Dans ce poème en prose se met en place un paradoxe : l’éloge des fenêtres fermées par opposition aux fenêtres ouvertes. Le poète explique cette préférence par le pouvoir bien plus évocateur et imaginatif des fenêtres fermées. * Utilisation du poète de trois types de comparaisons : « autant...que », « plus...que » et « moins...que ». Ces trois phrases présentent donc trois rythmes binaires qui suggèrent l'opposition entre comparant et comparé. * Le poète affirme qu' « une fenêtre ouverte » est beaucoup moins évocatrice qu' « une fenêtre fermée » : « Celui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte, ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée. » * « Il n'est pas d'objet plus profond, plus mystérieux, plus fécond, plus ténébreux, plus éblouissant ... ». Paradoxe car fenêtre = un objet plat et non « profond », « mystérieux » s'oppose à « fécond » et « ténébreux » à « éblouissant ». Le message du poète va à l'encontre de l'opinion communément admise : nous préférons généralement les fenêtres ouvertes, qui nous paraissent plus intéressantes. * « Ce qu'on peut voir au soleil est toujours moins interressant que ce qui se passe derrière une vitre. » Le « soleil » s'oppose à la lumière fragile d' « une chandelle ». * La répétition anaphorique: « vit la vie, rêve la vie, souffre la vie » apparaît elle-aussi comme