Les essais - montaigne extrait du chapitre xxv du livre i de "il se tire une merveilleuse..." à "...ainsi du reste"
Montaigne a écrit Les Essais au 16ème siècle. Ce n’est pas une autobiographie mais un autoportrait. Il ne veut pas imposer une leçon au lecteur mais il nous invite à découvrir ses observations et ses réflexions. Les Essais n’ont pas d’équivalent. Montaigne complète les chapitres déjà rédigés au fur et à mesure que sa pensée évolue. C’est pour cela que nous avons trois dates de publication. L’extrait que nous étudierons ici traite de l’éducation. Ce thème est très répandu en Europe au XVème et XVIème siècle car à cette époque l’Humanisme se développe. C’est un courant de pensée qui met l’Homme au centre des préoccupations. Montaigne, dans cet extrait, insiste sur l’importance de la sociabilité et de l’intérêt à porter au monde qui nous entoure.
Lecture du texte
Il se tire une merveilleuse clarté, pour le jugement humain, de la fréquentation du monde. Nous sommes tous contraints et amoncelés en nous, et avons la vue raccourcie à la longueur de notre nez. On demandait à Socrate d'où il était. Il ne répondit pas : “ D'Athénes ”, mais : “ Du monde”.
Lui, qui avait son imagination plus pleine et plus étendue, embrassait l'univers comme sa ville, jetait ses connaissances, sa société et ses affections à tout le genre humain, non pas comme nous qui ne regardons que sous nous. Quand les vignes gèlent en mon village, mon prêtre en argumente l'ire de Dieu sur la race humaine et juge que la pépie en tienne déjà les Cannibales. A voir dos guerres civiles, qui ne crie que cette machine se bouleverse et que le jour du jugement nous prend au coeur, sans s'aviser que plusieurs pires choses se sont vues, et que les dix mille parts du monde ne laissent pas de garder le bon temps cependant ? Moi, selon leur licence et impunité, admire de les voir si douces et molles. A qui il grêle sur la tête, tout l'hémisphère semble être en tempête et orage. Et disait le Savoyard que, si ce sot de roi de France eût su bien conduire sa fortune, il était homme pour devenir