Les essais de montaigne
Essais, les [Montaigne], ouvrage de Michel Eyquem de Montaigne, publié pour la première fois en 1580. Bien qu’ils fourmillent d’anecdotes et de renseignements sur la vie de Montaigne (« je suis moi-même la matière de mon livre »), les Essais ne sont, à proprement parler, ni une autobiographie ni même une confession. Par nature rebelles à la classification par genre, ils associent à l’écriture une réflexion personnelle et spirituelle sur le monde et sur soi, et apparaissent comme un champ de connaissance où l’auteur expérimente sa pensée, l’essaye, la pèse et la met à l’épreuve. Conçue à l’origine comme un ornement intellectuel à la louange de l’ami disparu, La Boétie, cette œuvre est devenue le miroir d’une vie et d’une personnalité, dont les reflets sont aussi variés que peuvent l’être les expériences de l’être humain qui, dans les faits, en est devenu le véritable sujet. Composés de trois livres et de cent sept chapitres, il est malaisé d’y discerner un ordre tranché. Le Livre I, qui peut sembler plus anecdotique que les suivants, est consacré à différentes observations, d’ordre politique ou ethnographique, ainsi qu’à des réflexions philosophiques sur la mort, la solitude, l’éducation, l’amitié. Le Livre II est centré davantage sur la peinture que Montaigne fait de luimême et de ses sentiments, tandis que le Livre III, publié pour la première fois dans l’édition de 1588, approfondit la réflexion et comporte le récit des voyages de l’auteur. Quoi qu’il en soit, il serait vain de vouloir donner un ordre trop strict à ce livre qui se veut composé « à saut et à gambade », de sorte que la pensée glisse naturellement d’un sujet à un autre. Publiés pour la première fois en 1580, corrigés et augmentés une première fois pour la version de 1588, et, de nouveau, sur les annotations manuscrites de l’auteur pour l’édition posthume de 1595, les Essais sont pour ainsi dire composés de « strates » superposées. Montaigne n’a cessé d’expérimenter les