les enfants soldats
Article paru dans l’édition du 03.06.09
Détenus par l’armée sri-lankaise dans un « centre de réintégration », ils veulent oublier la guerre
Les Tigres tamouls avaient décidé de faire un exemple « Ils nous ont rassemblés en cercle, et au milieu, ils ont placé le garçon et sa petite sœur qui avaient essayé de s’échapper », raconte Dharuna (les noms ont été changés). Cela faisait quatre jours que la jeune fille de 17 ans avait été arrachée à sa famille, dans le district de Kilinochi (nord). Acculés dans le nord-est du pays par l’armée gouvernementale, quelques semaines avant leur défaite, les séparatistes des Tigres de l’Eelam tamoul (LTTE) recrutaient des enfants à tour de bras.
« Ils sont arrivés à 6 heures du matin alors que je préparais le petit déjeuner », se souvient Dharuna. Les Tigres tamouls s’assuraient que chaque famille fournisse au moins une recrue. Parce qu’elle était la plus âgée, Dharuna a été choisie. « Ma mère a essayé de me retenir, mais ils l’ont frappée et m’ont attrapée les cheveux », raconte-t-elle. Emmenée près de la plage dans un bunker, elle a été battue et ses cheveux ont été coupés.
« Il y avait des combats, des mortiers atterrissaient tout près », se souvient la jeune fille. Avec elle, 35 autres enfants et adolescents, surveillés par deux cadres des LTTE, sont transis de peur. Lorsque les deux jeunes fuyards sont rattrapés, l’encadrement annonce qu’on va leur donné une leçon « Ils ont tiré une balle dans la tête du garçon, puis de la fille. Tous les autres enfants étaient terrorisés et en larmes », explique Dharuna. La nuit suivante, elle s’échappe: « Je préférais mourir avec ma famille plutôt qu’avec eux. »
La guerre semble loin dans le « centre de réintégration » mis en place en 2008 par l’armée sri-lankaise pour accueillir les enfants-soldats des Tigres tamouls. A Ambepussa, à 50 km au nord-est de Colombo, le complexe, niché au sommet