Le tourisme international affiche chaque année des résultats records : l’année 2000 avoisinait le seuil des 700 millions d’arrivées, alors que ce chiffre n’était que de 25 millions en 1950 et de 285 millions en 1980. Cette remarquable croissance reflète les transformations de notre monde, notamment l’enrichissement des sociétés où les déplacements se densifient à mesure que progresse le niveau de vie. Les chiffres officiels doivent cependant être relativisés (Dehoorne, 2002), car ils sont tributaires des jeux de frontières qui accompagnent la reconnaissance des nouvelles nations, notamment celles issues de la décolonisation puis de la chute des régimes communistes d’Europe centrale et balkanique des années 1990, [dans le cadre de ces découpages, des flux jusqu’alors intérieurs devinrent internationaux comme dans le cas de la République tchèque (6 millions de touristes en 2004) et de la Slovaquie, où les déplacements transfrontaliers au profit des centres commerciaux tchèques sont désormais qualifiés de « tourisme de shopping » (Williams & Balà, 2002)] ; enfin, plus largement, l’évaluation des déplacements transfrontaliers et des flux de transit est assez complexe. La France, première destination mondiale, en est le meilleur exemple. Tout automobiliste allemand ou britannique traversant le territoire pour rejoindre des destinations méditerranéennes est comptabilisé en France comme touriste. Cette situation explique en partie la large domination de la France avec 75 millions de visiteurs internationaux (2004). À l’inverse, le voisin espagnol distingue bien les touristes séjournant sur son territoire (53,4 millions en 2004), des touristes en transit (quelques 30 millions supplémentaires).
L’identification des flux touristiques présente des insuffisances. Les définitions des organismes officiels, trop générales, additionnent des flux strictement touristiques avec de nombreux autres déplacements. Ainsi, tout déplacement qui ne relève pas d’une migration (avec un visa