"Les corbeaux", a. rimbaud - commentaire composé
Dans le numéro du 14 septembre 1872 de La Renaissance littéraire et artistique paraît Les Corbeaux, poème composé de quatre sizains en vers octosyllabiques. Son auteur, Arthur Rimbaud, jeune poète ardennais né en 1854, se trouve alors à Londres en compagnie de Paul Verlaine. Monté à Paris en septembre 71, où ses frasques, son caractère fruste offusquent ceux qui l’approchent, Rimbaud quitte la capitale, suivi de son comparse, en juillet 72. S’engage alors une existence errante, en Belgique, en Angleterre. Il n’est pas sûr, ainsi que l’affirment certains exégètes, que le texte ait été publié à l’insu de son auteur : il est plus probable que le poète ait oublié l’avoir confié à le petite revue parisienne (sur laquelle, dans une lettre de juin 72, il recommandait laconiquement à son condisciple Ernest Delahaye de « chier »). Le manuscrit de certains poèmes –dont celui des Corbeaux- demeure inconnu ; ainsi, nous ne pouvons que supposer qu’il s’agit d’un poème du printemps 72 –car l’importance de cette supputation est capitale pour qui désire analyser le texte-, notamment au vu des analogies qu’il présente avec un autre poème, daté de mai 72 : La Rivière de Cassis. Beaucoup de critiques –dont le très estimé Yves Bonnefoy- s’accordent à penser que les poèmes du printemps 72 sont parmi les plus beaux de la langue française et, surtout, marquent un tournant significatif dans l’œuvre poétique de Rimbaud. Qu’en est-il de celui-ci ? Que transparaît-il de ces quatre strophes ? D’abord, peut-être, la relation d’une double défaite, ou la mise en parallèle des déconvenues respectives de la nation française et du poète. Ensuite, l’ambivalence de la figure du corbeau, volatile auquel les quelques occurrences dans diverses productions de cette période nous permettent d’attribuer une fonction symbolique plus ou moins précisée. Enfin, restera à discuter le caractère définitif, irrémédiable, de cette défaite : ce qui s’avorte, ce qu’elle