Les consequences
Ä
Les Trente Glorieuses
De 1945 à 1973, l’économie mondiale a connu une période de croissance sans précédent historique, dans laquelle les pays industrialisés ont pris une part essentielle. En effet, leur reconstruction achevée, ils ont reconquis la maîtrise du système économique mondial et ont joué un rôle moteur dans ces Trente Glorieuses, selon la formule lancée par Jean Fourastié pour caractériser la croissance française. […] Ainsi, durant trois décennies1, les sociétés développées se sont accoutumées2 à disposer chaque année d’une quantité de biens et de services supérieure à celle de l’année précédente. Elles sont entrées avec délectation dans le temps de l’abondance puisqu’en trente ans (de 1950 à 1980) les pays capitalistes industrialisés ont offert à leurs habitants plus qu’un doublement du produit par tête et par habitant : 3 841 dollars en 1950, 9 684 dollars en 1980, soit une augmentation de 5 843 dollars. Comment, dans ces conditions, ne pas prendre l’habitude de considérer l’avenir comme nécessairement porteur de nouveaux progrès et de nouveaux bienfaits ?
S. Berstein, P. Milza, Histoire du XXe siècle. La croissance et la crise de 1953 à nos jours, Hatier, 1984.
1. Décennie : période de dix années. 2. S’accoutumer : s’habituer.
Å
Une croissance inégalement partagée
La croissance économique de la planète est irréfutable1. La consommation de biens et de services va culminer à2 144 000 milliards de francs, cette année, deux fois plus qu’en 1975, six fois plus qu’en 1950, vingtdeux fois plus qu’au début du siècle. Cette croissance est-elle un facteur
©HATIER
d’amélioration de l’ensemble de la population mondiale ? Pas du tout. 20 % de la population mondiale dépense 86 % de la richesse totale du monde. Et, plus incroyable encore, les trois personnes les plus riches du monde ont une fortune supérieure à la richesse des quarante-huit pays en développement les plus