Le chômage, dans son approche sociologique, peut apparaitre comme une variable centrale lorsqu’on se penche sur les questions relatives à l’occupation du temps libre. En plus d’être, dans l’écrasante majorité des cas, synonyme de déstructuration social, le chômage se caractérise aussi comme une situation altérant complètement le rapport, qu’hommes et femmes, possèdent avec la notion de temps. Ainsi, c’est dans ce sens que s’inscrit l’enquête que Marie Jahoda et Hans Zeisel réalisèrent en 1931 sous la direction de Paul Lazarsfeld auprès des chômeurs de Marienthal. Le livre intitulé Les chômeurs de Marienthal, co-écrit par ces mêmes sociologues, est publié aux Editions de Minuit en 1981, soit un demi-siècle plus tard. De manière plus précise, l’enquête, qui use de méthodes d’observation couplées à des données quantitatives, est réalisée en 1931 à Marienthal, village autrichien bâti autour d’une usine qui a fermé en 1930 et, qui par conséquent, envoya au chômage un grand nombre de personnes qui y travaillaient. Le but que les auteurs se proposèrent était “ d’affronter le réel dans sa sévérité et sa totalité ”. S’appuyant sur une méthode, pour l’époque originale, l’enquête eue pour but de montrer comment une augmentation du temps libre, lorsqu’elle est la conséquence du chômage, peut être à l’origine d’une perte de repères, d’une déstructuration sociale, ainsi que d’un rapport au temps complètement différent de celui qui s’opère en situation d’emploi stable. De plus, trait essentiel de cette enquête, le chômage qui prend place dans ce village autrichien n’affecte pas les hommes et les femmes de la même façon. Bien qu’ils soient tous les deux touchés par le chômage, on note d’importantes différences dans le rapport aux temps qui sont directement liées à la division sexuée du travail ainsi qu’à la séparation entre les genres féminins et masculins. Les questions qui ressortent de ce texte, et auxquelles nous tenterons d’apporter des éléments de réponses, sont les