Les animaux denaturé
Un homme d'affaires nommé Vancruysen imagine d'en faire une main-d'œuvre à bon marché, sans salaires ni droits, pour une usine de lainage. Dès lors, les anthropologues comprennent qu'il faudra bien répondre à la question « les tropis sont-ils des hommes ? », questions que les anthropologues ont l'habitude de rejeter concernant les espèces de la lignée humaine, la jugeant assimilable au paradoxe sorite.
Les autorités préfèrent ne pas tenter de répondre à la question. Pire, il apparaît que la question « les tropis sont-ils des hommes ? » est tout simplement insoluble parce que la question « Qu'est-ce que l'homme ? » elle-même n'a pas de réponse écrite dans la loi. Les anthropologues décident de tester si les tropis sont interféconds, d'une part avec les singes, d'autre part avec les hommes. Mais les inséminations artificielles de femelles tropis par du sperme d'homme et de singe se révèlent toutes fécondes, ce qui interdit d'avoir la réponse par ce critère avant que ces rejetons ne soient eux-mêmes en âge de procréer.
La difficulté de la question vient évidemment du fait que les tropis étant par définition l'intermédiaire entre l'homme et le singe, il est difficile de dire quels sont leurs droits. Quand un neurologue avance un critère basé sur la complexité du cerveau, le juge fait vite admettre au neurologue qu'il utilise en fait un critère circulaire : le niveau de complexité qu'il réclame à un cerveau pour qualifier un être d'humain est le niveau suffisamment proche de celui qu'il a trouvé chez les humains étudiés jusque-là. Or, les tropis ont un cerveaux beaucoup plus simple que les Homo sapiens, mais beaucoup plus complexe que celui des singes. Ce