Les abeilles
D'abord mentionné sous les formes abueille, abele, aboille ou encore abeulle, ce mot est un emprunt à l'occitan abelha4,5, lui même issu du latin ăpĭcŭla « petite abeille », diminutif d’apis « abeille »6.
Il remplace un terme d'oïl ef issu directement du latin apis (Flandre, îles Anglo-Normandes, ainsi que dans l'estuaire de la Gironde), tandis que dans l'Est, l'abeille est considérée comme étant une « petite mouche » (mouchette, mohhate, môtchotte) et que, plus au sud, on la nomme avette ou aveille4. Le terme de mouche-ep est aussi trouvé et eps employé par Montaigne.
L'usage du mot abeille domine progressivement celui des termes employés régionalement. Cependant, une autre expression « mouche à miel » va se substituer dans bien des dialectes d’oïl aux formes plus anciennes issues du latin apis (exemple en cauchois mouque à mié).
Dans sa première édition de 1694, le Dictionnaire de l'Académie française définit l'abeille comme étant une « mouche à miel », sauvage ou domestique7. La définition du mot abeille dans les dictionnaires évolue peu avec le temps. Il faut attendre le xixe siècle avec la 6e édition (1832-1835) de ce dictionnaire pour voir apparaître des précisions sur cette sorte de mouche : « Insecte ailé […] qui produit la cire et le miel » et le xxe siècle avec la 8e édition de 1932-1935 pour qu'elle soit classée parmi les hyménoptères tout en précisant également qu'elle « vit en essaim »8. Cette définition est très proche de celle donnée par le Trésor de la Langue Française (1971-1994)4, ce qui réduit progressivement l'usage du mot aux seules abeilles à la fois sociales et productrices de miel9.
Pourtant, parmi les insectes appelés « abeille » en français, il existe en réalité des espèces solitaires et d'autres qui ne produisent que peu ou pas du tout de miel. Cette différence va être intégrée à la 9e édition du Dictionnaire de l'Académie française qui, tout en