Le rire de marguerite duras
Résumé : Le rire occupe une place immense dans l’œuvre de Marguerite Duras car il touche aux articulations habituelles qui se nouent, pour l’écrivaine, autour du privilège accordé à l’instant, au spontané, au ravissement et aux manifestations du corps. Une question demeure toutefois : si le rire est omniprésent dans les textes, devons-nous pour autant considérer que le corpus durassien porte à rire ou à pleu- rer (de rire) ?
Par la nature …afficher plus de contenu…
« Sublime, forcément sublime Christine V. », dans Libération (17 juillet 1985).
Repris dans Bernard Alazet, Christiane Blot-Labarrère et André Z. Labarrère, éds,
L’Herne. Duras (Paris : Cahiers de l’Herne, 2005), 69-73. Ces commentaires ont choqué et ont été perçus comme des outrances inadmissibles par le public.
2 Hélène Cixous, Le Rire de la Méduse et autres ironies (Paris : Galilée, coll. « Lignes fictives », 2010), 54. 238 FRANÇOISE BARBÉ-PETIT mélangeant avec bonheur, sexe et texte, Cixous inventera le mot « sexte3 » pour célébrer cette double alliance du féminin et de l’écrit. Alors, parce qu’elles sont « Venues à l’écriture »4, elles se souviennent que dans écrire, il y a rire. À ce titre, Duras, ayant fait profession d’écrire, ne peut être …afficher plus de contenu…
Au demeurant, Duras n’oublie jamais de suggérer que dans écrire, il y a cri : « Écrire c’est aussi ne pas parler. C’est se taire. C’est hurler sans bruit » (É, 34).
Dans le livre cité, Écrire, est donc rappelée la gravité de l’écriture, son aspect solitaire, foncièrement séparateur6 à l’égard d’autrui, déplaçant ainsi le rire du côté de l’observateur de l’écrivain ou du témoin, comme en atteste l’histoire de la mouche se mourant dans la dépense : Quand Michelle Porte est arrivée, je lui ai montré l’endroit et je lui ai dit qu’une mouche était morte là à trois heures vingt. Michelle Porte a ri beau- coup. Elle a eu un fou rire. […] Et moi quand je vous la raconte [cette