Le c et le r
a) Le premier monologue
Les quatre premiers vers qui introduisent le premier monologue du renard sont
« trompeurs », comme l’animal lui-même : en effet, l’agencement croisé (abab) des alexandrins (vers de douze syllabes) et des octosyllabes (vers de huit syllabes) ainsi que la construction parallèle des phrases présentent déjà une complication, comme en témoigne le passé simple du vers 3. En fait, ils introduisent uniquement le monologue du renard, central pour l’action.
Dans ce monologue, les groupes rimiques ne coïncident pas nécessairement avec des vers de même nombre de syllabes. Ainsi, les vers 5 et 6 aux rimes suivies sont pour le premier un octosyllabe, pour le second, un alexandrin ; cet alexandrin qui est une apostrophe au corbeau amorce la flatterie qui trouve son paroxysme dans l’exagération du vers 9, lui aussi un alexandrin. Par ailleurs le vers 9 est le premier de l’agencement croisé des vers 9, 10, 11 et 12. Ce vers 9 est donc le déclencheur de la réaction stupide du corbeau.
Cette étude montre le pouvoir du langage, beaucoup plus efficace que la violence. Le renard veut le fromage mais il ne sait pas monter aux arbres : il lui faut donc ruser mais cette ruse doit être subtile.
b) Le second monologue
La morale de la fable énoncée par le renard à l’adresse du corbeau, immédiatement après que le renard a obtenu gain de cause, porte sur le caractère dangereux de certains usages de la parole. Il s’agit bien de se méfier des beaux parleurs et des flatteurs en particulier. En effet, il faut être vigilant aux intentions qui gouvernent l’utilisation de la parole. La fin de la fable montre que le corbeau l’a appris à ses dépends. Méfiez-vous, vous