Qui a une idée vraie sait en même temps qu’il a une idée vraie et ne peut douter de la vérité de sa connaissance. Car nul, ayant une idée vraie, n’ignore que l’idée vraie enveloppe la plus haute certitude; avoir une idée vraie, en effet, ne signifie rien, sinon connaître une chose parfaitement ou le mieux possible. On considère souvent la vérité comme inaccessible si on pense que l'erreur est toujours possible, même là où nous croyons être en présence d’une vérité. Mais n'y a-t-il pas moyen de sortir d'un rapport de simple croyance à la vérité ? Pourquoi la vérité ne serait-elle pas accessible ? Dans la suite de notre travail, nous essayerons dans la mesure du possible porter des éléments de réponses aux questions ci-dessus. Le scepticisme affirme qu'aucune vérité n'est accessible. Pour être sûr que nous avons affaire à une vérité et dépasser le doute, nous admettons habituellement qu'il suffit de prouver une proposition par un raisonnement. Une fois prouvée, la vérité de cette proposition serait établie. Nous voudrions par exemple prouver que Socrate est mortel parce qu'il est un homme et que tous les hommes sont mortels. Mais pour que le raisonnement soit juste, il faut que ses prémisses soient elles même prouvées : qu'est-ce qui prouve que Socrate est bien un homme et que tous les hommes sont mortels ? Il faut donc une preuve de la preuve, puis une preuve de la preuve de la preuve et ainsi de suite à l'infini : toute preuve exige une preuve antérieure, d'où l'idée de régression à l'infini. Aucune preuve ne peut donc établir une vérité absolument. Sceptiques avaient déjà formulé l'argument que nous avons examiné avec Descartes : nous ne savons pas si les sens qui servent de fondement à nos connaissances ne nous trompent pas chaque fois que nous nous y fions, comme c'est le cas lorsque nous sommes en présence d'un mirage. Les connaissances, en tant qu'elles sont fondées sur les sens, sont donc