Dans sa pièce, Claude propose une vision des situations telles qu’elles auraient dû être vécues. En effet, il dénonce avec véhémence l’étroitesse du royaume de son père, le faiseur de farces cochonnes, le faiseur de promesses non tenues, l’homme sans scrupule qui se sert de son métier comme d’un prétexte pour avoir des maîtresses un peu partout, celui qui a trahi son admiration sans borne. Le metteur en scène ranime des vieux souvenirs familiaux. Des scènes bien enfouies, que sa propre famille avait préféré oublier, chose que le dramaturge en herbe n’avait pas pu faire. Néanmoins, tous ces reproches, toutes ces vérités, ce n’est pas Claude qui les assène à son père. C’est à travers le personnage de sa mère, Madeleine II, qu’il décharge « tout le mépris qu’il éprouve à l’endroit de son père » (p.97). Si la mère et la sœur de Claude ne sont pas dupes des fautes D’Alex, elles sont loin de lui en vouloir avec la même hargne. Bien qu’elle avoue garder pour elle certaines humiliations subies à cause de son époux, Madeleine I ne lui reconnaît qu’un tort : son caractère ordinaire. Mais n’aurait jamais idée de se révolter pour cela; dans une certaine mesure, son sort la satisfait. Quant à Mariette, la sœur de Claude, elle semble adorer son père, lui vouer une affection inconditionnelle. Cependant, on observe que dans la représentation écrite par Claude, Madeleine qui avait gardé le silence toute sa vie, critique dans celle-ci, son mari. Pour sa part, Mariette, « danseuse à gogo », y confronte son père sur le presque viol qu’il a perpétré sur elle. En contraste avec le monde crée par Claude, le lecteur ou le spectateur constate que les personnages qui ont réellement vécu avec Claude se cachent de toute évidence la vérité.
Dans l’univers réel, les personnages refusent tous de voir la vérité en face. Selon Madeleine I, le vrai problème vient de la perception d’un jeune homme qui ne peut pas accepter l’imperfection de son père. Des le début de la pièce, sa mère lui