Le torrent
LE THÈME DE LA VIOLENCE CHEZ ANNE HÉBERT
-J g - |
Le thème de la violence, dans Le Torrent d'Anne
Hébert, est étroitement lié au thème de la dépossession
(violence ou agression contre la personne) quand ce dernier thème n'en est pas consécutif.
La violence est aussi associée au thème de la révolte (violence qui est une réaction à la violence subie) qui est issue, du moins chez François, de la violence qui lui fut faite par sa terrible mère.
Il semble en effet qu'à chacune des soixante-cinq pages de la nouvelle tout bouillonne, qu'il n'y a aucune soupape et que tout va sauter d'un instant à l'autre. Les personnes impliquées sont violentes, la nature environnante est toute empreinte de violence, même le cheval
Perceval explose d'une violence indicible.
1. La violence chez les personnages
La mère est violente dans tout son être : portrait, paroles et gestes.
François, la victime de cette femme effroyable, se dit, dès l'ouverture de la nouvelle, broyé par « le décret d'une volonté antérieure » (page 9) à la sienne. L'enfant de douze ans parle de « la grande main » (page 9) qui s'abattait sur lui fréquemment ; de la « terrible grandeur »
(page 10) de cette femme rigide ; du mutisme douloureux dans lequel elle se fermait privant ainsi son fils de toute communication ; de la bouche dure, de ses « puissantes mâchoires » (page 10) qui ne s'ouvraient que pour effrayer l'enfant en proférant des termes ou expressions traumatisantes comme « châtiment, justice de Dieu, damnation, enfer, discipline, péché originel » (page 11). Cette femme horrible se muait en « dompteur » et consacrait toutes ses énergies à entraîner son fils à la discipline la plus stricte, à une véritable discipline de fer. Cette mère implacable et dénaturée était omniprésente et menaçante dans tous les instants de la vie de François. Ce dernier avait des comptes minutieux à rendre à sa mère, ce