Le torrent et la rivière
Introduction :
La source est une fable d’Abstemius, « Du paysan qui voulait traverser un torrent » (Hecatonmythium, V), qui illustre l’idée « méfiez-vous de l’eau qui dort » ; La Fontaine proposerait une « métaphorisation spatiale » (M. Fumaroli) d’une thématique morale fréquente au XVII°s, celle des apparences trompeuses. Cette fable est située à la fin du livre huitième, donc dans la seconde période de La Fontaine, où le bestiaire et l’imaginaire en liberté du fabuliste s’est nettement amoindri pour s’orienter vers une réflexion plus sérieuse et sentencieuse. « Le Torrent et la rivière » met en scène un homme fuyant devant des voleurs : il traverse successivement un torrent tumultueux avec aisance et une rivière d’apparence paisible où il sombre. Nous verrons dans ce texte quelle poétique convoque La Fontaine et la simplicité de ce texte qui en fait un exemple-type de la fable telle qu’elle pouvait être pratiquée dans l’Antiquité.
Nous verrons dans une première partie deux protagonistes opposées, puis dans une seconde partie la thématique des apparences trompeuses qui constituent la morale du texte.
CONCLUSION
Ainsi cette fable est particulière dans l’œuvre de La Fontaine en ce qu’elle met de côté l’aspect novateur du fabuliste. Les lieux sont faiblement esquissés, les personnages inexistants. La morale y est assez peu approfondie. Se révèle ici l’aspect purement formel de la fable qui est de faire surgir une morale d’une petite anecdote pittoresque. C’est le cas ici, mais La Fontaine ne va pas au-delà. La seule originalité de cette fable réside dans cette spatialisation de la morale, et dans cette dimension littéraire : la nécessité de lire au-delà des apparences est également celle du critique de littérature d’aller voir ce qu’il y a au-delà du texte pur. La Fontaine ne développe rien en profondeur ici. Il prend à rebours sa propre morale, et en cela cette fable est particulière.