Le théâtre et son double
SUJET :
« Le Théâtre et son double », Antonin Artaud, 1938
Le poète français Antonin Artaud dans son pamphlet révolutionnaire « Le Théâtre et son double » traite les principes de son « théâtre de la cruauté » qui jetèrent les bases d’un changement radical des conceptions théâtrales et qui furent repris plus tard par le théâtre de l’absurde. Il affirme avec audace que ce n’est pas le texte qui fait le théâtre, mais que c’est la mise en scène qui est le véritable fondement de la création théâtrale. Artaud est d’ailleurs l’auteur d’une pensée sur le théâtre qui cherche à rompre tout lien avec ces prédécesseurs. La volonté d’une esthétique nouvelle conduit le poète surréaliste à rompre donc avec la tradition classique surtout avec Aristote. Le théâtre d’Artaud n’est donc pas basé sur le mot, mais c’est avant tout un spectacle qui doit être libéré. Artaud écrit à ce sujet : « Le théâtre, comme la parole, a besoin qu’on le laisse libre ». L’auteur veut que le théâtre se détache de l’influence de la réplique et des enjeux psychologiques qui sous-tendent les dialogues, comme il l’explicite : « Cette obstination à faire dialoguer des personnages sur des sentiments, des passions, … est cause que le théâtre a perdu sa véritable raison d’être, … ». On entrevoit donc une des idées principales de la théorie artaudienne, laquelle critique et n’accepte pas un théâtre qui ne soi pas fondé sur la fonction de l’esprit.
D’ailleurs, comment définirait-on donc le « théâtre libre », à partir du texte, de la mise en scène ou du jeu de l’acteur soumis à l’un, à l’autre ou à la seule improvisation ? Grâce à son célèbre essai, la réflexion sur les bases, les formes et le rôle du théâtre, Antonin Artaud veut réintégrer le théâtre dans son rôle social réel, le libérer des règles de la réplique, le renouveler en lui rendant sa vraie essence et nature, qui est d’abord celle de toucher aux sens du spectateur. Le