Le silence
Il s'agit avec le silence d'un problème- limite. L'obscurité est négation de la lumière, le désordre est négation de l'ordre. Les notions d'ordre et de lumière ont un contenu positif, palpable. Le silence lui va plus loin. Il est négation de la parole et donc du sens. Le silence nie tout. Ainsi la pensée qui parle, qui essaie de formuler un sens, peut-elle penser sa propre négation ? Peut-elle traduire ce qui ne se dit pas, penser ce qui ne se pense pas ? Bref, peut-on poser la moindre question au silence ? Peut-on faire parler le silence et si oui, à quelles conditions ? C'est pourtant ce à quoi le sujet invite. On se demandera alors si le silence dit quelque chose et ce que la philosophie peut tirer d'une réflexion sur le silence.
Le silence, c'est l'absence de parole, donc en apparence l'absence de communication. Mais, celle-ci n'est pas seulement verbale. Les mots ne valent que par le sens que leur donne une conscience humaine, qui peut alors se passer du langage pour deviner l'autre. La communication est plus que l'échange verbal. Le silence, c'est d'abord l'absence de bruit, en particulier (même si ce n'est pas seulement cela) l'absence de parole. Or, la parole est un véhicule essentiel du sens. Il est assez paradoxal d'admettre qu'un sens puisse se trouver dans une absence de parole., donc de sens. Penser le silence comme ayant un sens, c'est penser cette contradiction. Ce qui exige au moins une définition du silence qui ne soit pas seulement négative (absence de...), ainsi qu'une approche différenciée de la notion de