Le siffleur
Elle approchait de l'intersection lorsqu'elle entendit le bruit d'un moteur, un gros moteur, celui d'un car par exemple. Le ronronnement provenait de sa droite, conformément à l'itinéraire du bus. L'étreinte qui oppressait ses poumons et serrait son estomac se relâcha et Valérie reprit confiance. Tout s'arrangeait.
Elle se précipita vers le carrefour, le coupant en son milieu, pour être certaine de ne pas manquer son « sauveur » une seconde fois. « Ouf » se dit-elle, en atteignant le petit abri faisant office d'arrêt. En effet, le bus était tout proche et déjà ses phares jetaient leur lumière blafarde sur les arbres bordant la route. L'autobus n'était plus qu'à quelques dizaines de mètres. Il arrivait au sommet de la légère pente qui le masquait encore à la vue de Valérie, et, déjà, elle agitait les bras pour attirer l'attention du conducteur.
Soudain, son sang se glaça. Ce n'était pas un autobus qui roulait dans sa direction mais bien une grosse camionnette. Il était maintenant trop tard pour tenter de se dissimuler. « Comment ai-je pu confondre un van et un bus. » se dit elle « Quelle idiote je suis! ». Son angoisse se mua en panique lorsqu'elle se rendit compte que le véhicule ralentissait. Elle était clouée sur place. Il s'arrêta devant Valérie, et la vitre côté passager se baissa lentement. « Oh mon Dieu, oh mon Dieu », priait frénétiquement la jeune fille. Elle allait hurler.
« Qu'est ce que tu fous là? » Valérie se calma aussitôt. Elle connaissait cette voix, elle la connaissait même très bien. Et bien qu'elle ne distinguait pas encore son visage, elle savait que la personne assise derrière le volant n'était autre que Wayne, Wayne avec qui elle avait passé une si bonne soirée.
Ils s'étaient rencontrés quelques semaines auparavant à la discothèque et avaient sympathisé. Aujourd'hui, Wayne s'était montré plus entreprenant, dépassant le stade de la stricte amitié. Ils s'étaient embrassés et ils avaient dansé ensemble une bonne partie