Le SECRET

Nul qui ne vit ce que je vis ne saurait me comprendre.

Comment décrire une couleur, une odeur, une douleur ? cette description n’est pas secrète, il manque juste les mots pour le dire.

La spiritualité permet de combler le vide d’une raison asséchée par les impasses de la rationalité.
Il se pourrait que l’ésotérisme, ciment des sociétés dites secrètes et des religions dans leur essence première, soit le résidu difficilement compréhensible et techniquement non exprimable d’une connaissance ou d’une perception très anciennes s’appliquant à la fois à la matière et à l’esprit.
Le secret ne serait qu’une clé pour ouvrir les puissances contenues dans les choses et dans l’homme.
Ce dépassement de soi exige de l’homme d’autres structures mentales que celles de l’état de veille ordinaire, une situation de l’intelligence et du langage sur un autre plan, de telle sorte que rien n’est communicable au degré de l’homme ordinaire.
A mesure que les connaissances ésotériques progressent elles s’occultent car le langage du savoir et du perçu devient incommunicable.
Le secret n’est pas un effet de la volonté de celui qui le détient, il est un effet de sa nature même.

L’homme est un sujet producteur de sens et est donc confronté à un profond mal-être, car le monde, en lui-même, est absurde, privé de sens.
C’est la conscience humaine qui fait émerger l’univers des significations.
L’absurdité du monde provoque l’angoisse dont on peut progressivement se détacher pour rejoindre le secret : l’idée qu’un sens peut s’épanouir dont nous ne sommes pas nécessairement le producteur, renouant ainsi avec cette confuse perception que ce qui nous échappe n’est pas forcément du non-sens.

Sod, le secret en hébreu se décrit avec la lettre samekh ‘ סּ ’, qui a une forme de cercle.
C’est la seule lettre hébraïque entièrement fermée : il y a le dedans et le dehors, le secret c’est ce qui relie l’immanence à la transcendance, le secret c’est le passage de l’immanence à la