Béroul, Le Roman de Tristan, vv. 915-64

Le saut de la chapelle

Situation :

1) L'épisode de la fleur de farine a permis au nain de piéger Tristan, dont la blessure à la cuisse infligée par un sanglier s'est rouverte
2) Tristan et Iseut sont condamnés à périr par les flammes, dans un bûcher.
3) Pas de procès en cas de flagrant délit, justice humaine expéditive

L'épisode suivant se déroule sur le chemin du bûcher... Lecture

Caractérisation :

Texte descriptif, discursif et narratif dans lequel s'opère un retournement de situation à tonalité dramatique indéniable, l'enjeu est dramatique car l'enjeu du texte = vie ou mort du héros, car ce passage relance la narration, est habité par du suspens. Cet épisode miraculeux, au cours duquel le héros échappe à une mort certaine, présente toutefois des traits réalistes.

Nous nous demanderons donc si, dans ce passage aux tonalités dramatiques, fantastiques et symboliques, Béroul ne montre pas finalement la miséricorde divine telle qu'elle s'incarne concrètement, christianisant ainsi la légende et substituant le miraculeux au merveilleux.

Composition :

1) Description réaliste et symbolique de la chapelle (vv. 915-26)
2) La négociation de Tristan (passage réaliste et argumentatif) (vv. 927-40)
3) L'évasion miraculeuse (vv. 941-64)

I) La description de la chapelle (vv. 915-26)

L'épisode a été annoncé par les paroles prémonitoires d'Iseut (906-08), qui espère que Tristan pourra s'échapper. En outre, le narrateur a rappelé dans les vers précédents que Dieu est amour et miséricorde. Or le regard se focalise sur une chapelle, lieu saint mis en évidence car tout l'espace converge vers lui : vv. 915-16

Les détails de la description sont parfaitement structurés dans l'espace (voir les nombreux CC Lieu)
Cette hypotypose trace un tableau en profondeur et en relief:

Sor la voie par ont il vont, direction

Une chapele est sor un mont : aboutissement du regard