Le rôle social des intellectuels

632 mots 3 pages
Plusieurs conceptions du rôle de l'intellectuel dans la société peuvent être évoquées.
Raymond Aron, dans L'Opium des intellectuels (1955), pose cette question du rôle du savant dans la cité, et concernant les grands débats du moment. Pour Aron, l'intellectuel est un « créateur d'idées » et doit être un « spectateur engagé ».
À cette conception s'oppose celle du dreyfusard Julien Benda. Dans un essai intitulé La Trahison des clercs (1927), il déplorait le fait que les intellectuels, depuis la guerre, aient cessé de jouer leur rôle de gardiens des valeurs "cléricales" universelles, celles des dreyfusards (la Vérité, la Justice et la Raison), et les délaissent au profit du réalisme politique, avec tout ce que cette expression comporte de concessions, de compromis, voire de compromissions. La référence aux « clercs » (que la tonsure distinguait des laïcs) souligne cette fonction quasi-religieuse qu'il assigne aux intellectuels. L'attitude du clerc est celle de la conscience critique (plutôt que de l'engagement stricto sensu).
Jean-Paul Sartre, enfin, définira l'intellectuel comme « quelqu'un qui se mêle de ce qui ne le regarde pas ». C'est celui à qui, selon la formule de Diderot empruntée à Térence, rien de ce qui est humain n'est étranger, qui prend conscience de sa responsabilité individuelle dans une situation donnée, et qui, refusant d'être complice, par son silence, des injustices ou des atrocités qui se perpètrent, en France même ou ailleurs dans le monde (pensons au rôle de Sartre dans le Tribunal Bertrand Russell érigé pour juger les crimes de guerre au Vietnam), utilise sa notoriété pour se faire entendre sur des questions qui ne relèvent pas strictement de son domaine de compétence, mais où l'influence qu'il exerce et le prestige, national ou international, dont il bénéficie peuvent se révéler efficaces. L'intellectuel, pour Sartre, est forcément « engagé » pour la cause de la justice, et donc en rupture avec toutes les institutions jugées oppressives.

en relation

  • Etude de cas ime
    3678 mots | 15 pages
  • Dossier Humanisme accompagné de quelques portraits de personnages emblématique de ce mouvement
    4442 mots | 18 pages
  • Analyse situation
    394 mots | 2 pages
  • L’engagement et le tiers-intervenant : de l’implication à la co-production des savoirs
    3181 mots | 13 pages
  • Re Flexion Loi Du Marche
    1049 mots | 5 pages
  • Les auteurs humaniste répondent ils a la definition d'intellectuel d'alain minc ?
    954 mots | 4 pages
  • patrice document
    1112 mots | 5 pages
  • Y-a-t il encore des intellectuels en france ?
    5870 mots | 24 pages
  • Le contrôle de la vie politique sous le second empire
    6569 mots | 27 pages
  • Commentaire sur l'eloge de la folie d"erasme
    2151 mots | 9 pages
  • Peut-on apprendre à penser?
    1366 mots | 6 pages
  • Matière en m1
    391 mots | 2 pages
  • DDP
    6303 mots | 26 pages
  • Sommair
    4093 mots | 17 pages
  • L'intellectuel et la société de l'encyclopédie universalis
    549 mots | 3 pages