Le rôle des principes de consonance cognitive dans les changements et la stabilité sociale.
Les dynamiques de changement et de stabilité sociales peuvent être étudiées de diverses manières. Les théories de la consistance cognitive initiées par Heider en 1946 apportent un éclairage sur les prédispositions motivationnelles et cognitives individuelles au changement et à la stabilité. Sur la base de ce principe, Leon Festinger élabore la théorie de la dissonance cognitive afin de comprendre les changements d’attitudes contre-intuitifs qu’adoptent les individus face à l’incohérence psychologique. Après une brève présentation de la théorie de la consistance et de la dissonance cognitive, nous nous appliquerons à montrer comment les processus mis en jeu au niveau intra-individuel permettent une compréhension des mécanismes sociaux, menant à la stabilité ou au changement. A travers divers exemples, nous verrons que la préférence humaine pour la cohérence et l’équilibre, peut d’une part expliquer la perpétuation de situations d’inégalités sociales, et d’autre part mener à d’importants bouleversements sociaux par des changements d’attitudes et de comportements.
Le principe de la consistance cognitive est le besoin présumé chez l’individu de garder une cohérence interne entre les différents éléments cognitifs en présence. Suivant cette définition, lorsque deux éléments (ou cognitions) sont en contradiction, ou ne devraient pas être associés, cela produit un état d’inconfort psychologique que l’individu va être motivé à réduire par différentes stratégies. La ”dissonance” ressentie par le sujet comme un malaise est fonction de plusieurs variables : « l’écart entre les cognitions, l’importance de chacune des cognitions et le nombre de cognitions dissonantes en présence » (Partick Gosling & François Ric, 1996, p. 68). Elle n’apparaît en outre, que dans la condition d’un sentiment de liberté qui engage l’individu dans ses actions et leurs conséquences (Linder, Cooper &