Le roman engagé
INTRODUCTION
Dans les préfaces de leurs romans, nombre d'auteurs justifient leur travail d'écrivain. Ils essaient de manifester l'intérêt de leur activité, considérée par beaucoup comme un loisir superficiel. Ainsi, Victor Hugo, dans la préface des Misérables, datée du 1er janvier 1862, défend son roman : « [ ... ] des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles». Dès lors, on peur se demander si c'est bien la vocation du roman de changer le monde. En défendant ses idées dans ses œuvres, le romancier peut-il lutter contre les fléaux de la société ou doit-il agir à un autre niveau, avec la dimension littéraire qui fait la spécificité du roman ? Nous verrons comment le roman engagé peut contribuer à transformer la société, puis nous nuancerons la thèse qui cantonne le roman dans un genre idéologique et social pour montrer enfin que le roman ne peut agir sur le monde que par sa dimension littéraire.
I Le roman peut défendre des valeurs et des idées pour changer le monde
Le roman peut être engagé, c'est-à-dire qu'il peut contribuer à défendre les idées de l'auteur qui voudrait changer le monde.
1.1 Le romancier est un observateur privilégié.
Le romancier est un observateur privilégié des mœurs de son temps.
1.2 Le romancier peut critiquer.
Le romancier qui veut changer le monde peut critiquer ouvertement et exprimer ses idées le plus explicitement possible ou suggérer ses opinions de manière implicite. Ex : Zola est partisan d'une critique directe. Dans La Curée, il n'hésite pas à qualifier le Second Empire de régime dans lequel règnent «les affaires et les plaisirs» et celui de la débauche
1.3 Le romancier peut convaincre ou persuader le lecteur.
Si ces romans «ne [sont] pas [... ] inutiles », c'est parce que le romancier dispose de moyens spécifiques d'agir sur le lecteur et sur la société. Tout d'abord, il met en scène des personnages, que l'on voit évoluer au fil des pages. Le lecteur s'attache à eux, il