Le remboursement de la dette
La nature des dépenses entrainant pour un État la nécessité de recourir à la dette en complément des impôts, a évolué au gré des périodes. Sans pour autant s'en remettre à une approche historique, la nécessité de recourir à la dette se développait surtout à l’occasion des opérations de guerre. Il s’agissait donc de dépenses extraordinaires. La question qui se posait alors était : ces guerres peuvent-elles “rapporter” quelque chose au pays. Comme jusqu’à une certaine époque, il s’agissait pour une nation de se constituer, d’exister et de se défendre, on peut considérer que le recours à la dette avait une légitimité relative pour l’ensemble de la société. En France, dans le courant du XIXe siècle, le recours à la dette n’est pas systématique. L’État s’endette surtout pour des investissements productifs : grands travaux, chemins de fer, etc. Les travaux publics et les investissements industriels sont considérés comme des investissements susceptibles d’être rentabilisés et amortis par la hausse de l’activité économique. La légitimité de la dette est liée à l’idée d’assurer le développement de la production et le positionnement dans la concurrence mondiale. Ce n’est qu’après la Deuxième Guerre mondiale, après les efforts de reconstruction, que le recours à la dette est surtout sollicité pour le fonctionnement ordinaire de l’État et les transferts sociaux : sécurité sociale, retraites, chômage, réponses aux revendications de diverses catégories sociales, dont le secteur public (« État providence »), en partie au détriment de dépenses directement productives. De simple complément de l’impôt, ou recours extraordinaire, le recours à la dette devient un mécanisme de financement ordinaire, « normal » de l’État. La légitimité ici tient au souci d’assurer la paix sociale. Du fait que la part des investissements productifs tend à décroître relativement par rapport au fonctionnement de l’État et aux transferts