Charles-Pierre Baudelaire (1821-1867) est un poète français, il écrit des poésies, poème en prose,essai, critique d'art. Ses œuvres principales sont Les Fleurs du mal (1857), Les Paradis artificiels (1860), Le Spleen de Paris (posthume 1846-1859). Dans le poème J'aime le souvenir de ces époques nues l’auteur fait part de son intérêt pour l’Antiquité et regrette que l’époque dans laquelle il vit soit si dégradée. Il dépeint un portrait des hommes et des femmes, très sombre. Il termine sur une note plus gaie : la jeunesse.J'aime le souvenir de ces époques nuesJ'aime le souvenir de ces époques nues,Dont Phoebus se plaisait à dorer les statues.Alors l'homme et la femme en leur agilitéJouissaient sans mensonge et sans anxiété,Et, le ciel amoureux leur caressant l'échine,Exerçaient la santé de leur noble machine.Cybèle alors, fertile en produits généreux,Ne trouvait point ses fils un poids trop onéreux,Mais, louve au coeur gonflé de tendresses communes,Abreuvait l'univers à ses tétines brunes.L'homme, élégant, robuste et fort, avait le droitD'être fier des beautés qui le nommaient leur roi ;Fruits purs de tout outrage et vierges de gerçures,Dont la chair lisse et ferme appelait les morsures !Le Poète aujourd'hui, quand il veut concevoirCes natives grandeurs, aux lieux où se font voirLa nudité de l'homme et celle de la femme,Sent un froid ténébreux envelopper son âmeDevant ce noir tableau plein d'épouvantement.Ô monstruosités pleurant leur vêtement !Ô ridicules troncs ! torses dignes des masques !Ô pauvres corps tordus, maigres, ventrus ou flasques,Que le dieu de l'Utile, implacable et serein,Enfants, emmaillota dans ses langes d'airain !Et vous, femmes, hélas ! pâles comme des cierges,Que ronge et que nourrit la débauche, et vous, vierges,Du vice maternel traînant l'héréditéEt toutes les hideurs de la fécondité !Nous avons, il est vrai, nations corrompues,Aux peuples anciens des beautés inconnues :Des visages rongés par les chancres du coeur,Et comme qui dirait des