Le ravissement de lol v. stein
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Dans la scène maintes fois répétée, élidée et (re)vécue de "ce fameux bal de T. Beach" (Duras 12), scène autour de laquelle tourne l'histoire du Ravissement de Lol V. Stein, Lol est observatrice perpétuelle de "l'anéantissement de velours de sa propre personne" (Duras 50) et de l'écroulement de son existence chez son fiancé qui, "chaque après-midi, commence à dévêtir une autre femme que Lol" (Duras 50). Trois fois au cours du récit (et quotidiennement chez Lol V. Stein), Michael Richardson (et non jamais "Michael" ou "M. Richardson") quitte Lol, femme réelle, pour l'icone inconnu Anne-Marie Stretter (et non jamais "Anne-Marie" ou "Mme. Stretter"). Réduite une fois et ainsi éternellement au rôle de témoin à la déconstruction de son identité et de sa subjectivité par le "couple que formaient Michael Richardson et Anne-Marie Stretter" (Duras 46), Lol perd sa capacité d'évoluer et d'agir en tant que personnage. Figée pour toujours dans "l'instant précis de [l]a fin" (Duras 46) du bal, moment où elle devient consciente da sa séparation finale du couple, Lol comprend qu'elle est condamnée à ne jamais exister après cette nuit qu'en tant que figure muette, statique et creuse de Lol V. Stein: "Elle prononçait son nom avec colère: Lol V. Stein – c'était ainsi qu'elle se désignait" (Duras 23). A la fin du récit, Lol V. Stein revit enfin concrètement à T. Beach la nuit qui transgresse à chaque jour sa vie actuelle: elle redevient la jeune "Mlle. Stein" (Duras 28) pour re-subir sa destruction par Jacques Hold, incarnation diégétique de "l'éternel Richardson, l'homme de T. Beach" (Duras 113).
La scène du bal précède le récit premier par une "portée" (Genette 89) de 10 ans, et fonctionne comme "analepse externe" (Genette 90) à la narration de Jacques Hold—personnage, (re)narrateur et re-créateur de la genèse de la psychose chez cette Lol(a Valérie Stein). Cependant, cette analepse dite externe, "dont toute l'amplitude reste extérieure à celle du récit premier" (Genette 90), et