Le rapt de proserpine
Le rapt de Proserpine se trouve à la Villa Borghese a Rome. Avec elle, Le Bernin reprend l´ambition première des sculpteurs grecs : fixer l´instant dans la pierre.
Emportée par Pluton tenaillé par son désir, Proserpine, le visage défait, tourne son regard en arrière.
L´ambition du Bernin avec Le rapt de Proserpine drape ses deux personnages dans l´effroi qui les saisit tous deux, fixant ainsi dans le marbre l´événement qu´est l´enlèvement lui-même, - c´est-à-dire le passage entre un avant et un après, donnant le sentiment d´assister non seulement à ce qui est, mais aussi à ce qui sera dans l´instant qui va suivre : le viol de la nymphe.
À ce titre, Le rapt de Proserpine est une oeuvre exemplaire. Pluton, roi des enfers, est tout entier possédé par le désir ; plus rien ne le retient. Ses doigts serrent frénétiquemnent la chair de sa victime. Proserpine, pleine d´effroi, ne peut que tourner son visage en arrière, sur les joues duquel perlent deux larmes en gouttes de diamant. Ce que Le Bernin fige donc dans le marbre, ce n´est rien moins que ce double événement : le désir insensé de Pluton que les sens emportent et, opposée, la terreur éplorée de Proserpine. Pluton est viril et prédateur ; il est sans retenue. Sa bouche révulsée, comme sa barbe et ses cheveux, dénotent la fureur de son désir. Et Proserpine ne peut d´autant moins s´opposer à ce roi des enfers qu´aux pieds de Pluton, fier et altier, se trouve Cerbère, le monstre aux trois têtes qui protège sans partage son maître.
Datant de 1621/1622, cette oeuvre, à n´en pas douter, est un tournant fondamental dans la production du