Le racisme dans la croix du sud de joseph ngoué
Des émeutes raciales aux Etats-Unis à l’apartheid en Afrique du Sud, des guerres ethniques en Europe de l’Est, aux luttes qui déchirent le Pakistan, la question raciale est devenue cause de souffrances et de destruction sans nom. C’est cette question d’ailleurs qui constitue le thème central de La Croix du Sud.
Le racisme se manifeste de deux façons dans l’attitude des personnages de cette pièce : * La nécessité de préserver la race dite supérieure de tout croisement. * Le droit de dominer les autres races.
Cependant, cette attitude se justifie-t-elle ? Peut-elle prendre fin ?
1- Le racisme comme nécessité de préserver la race dite supérieure
On note cette préoccupation chez la plupart des personnages de race blanche : Wilfried, Suzanne, le Messager, le fils du Notaire, Axel. D’ailleurs, le drame de Wilfried débute quand il découvre que son ascendance n’est pas pure. C’est pour lui le plus grand déshonneur, qu’aucune richesse, aucun « laurier » ne saurait effacer. Il est prêt à « renoncer à tout » même à la vie. Il déclare : « A quoi serviraient des lauriers sur un front flétri ? A quoi bon la vie quand vous quitte la raison de vivre ?» Suzanne est prise d’un sursaut d’orgueil au point de dévoiler son adultère avec Axel afin de témoigner de la pureté de la filiation de Judith. Elle rejette son mari et s’avoue fière que Dieu n’ait pas permis « que le sein d’une Salbury nourrit un enfant dégénéré. » Et elle ajoute à propos de son infidélité conjugale : « Il [Dieu] m’a tout pardonné ». Aux yeux de Suzanne, Dieu est un Etre raciste qui justifie les fautes morales commises pour satisfaire à son dessein de préserver la race pure d’un croisement impur avec une race inférieure.
Le Messager du Cercle d’Emeraude est le plus radical des racistes. Il préconise l’anéantissement de la race inférieure, les Noirs ; il livre Karmis au lynchage pour s’être introduit dans la zone des Blancs sans laissez-passer. Il condamne Wilfried