Le père Goriot
Le mouvement réaliste revendique l’impersonnalité et le refus de laisser orienter l’art par la morale. Il s’agit de l’exposition de faits ordinaires et quotidiens. L’un des buts des réalistes est de dénoncer le défauts de la société, notamment la bourgeoisie qui est réputée pour son étroitesse d’esprit , son hypocrisie ou encore pour son amour de l’argent et du profit qui efface toutes les valeurs morales. Il s’agit d’un point de vue neutre et objectif sur le monde.
Peut-on dire que cet extrait classe Le père Goriot dans le mouvement réaliste ?
Cette première pièce exhale une odeur sans nom dans la langue, et qu'il faudrait appeler l' odeur de pension. Elle sent le renfermé, le moisi, le rance; elle donne froid, elle est humide au nez, elle pénètre les vêtements; elle a le goût d'une salle où l'on a dîné; elle pue le service, l'office, l'hospice. Peut-être pourrait-elle se décrire si l'on inventait un procédé pour évaluer les quantités élémentaires et nauséabondes qu'y jettent les atmosphères catarrhales et sui generis de chaque pensionnaire, jeune ou vieux. Eh bien! malgré ces plates horreurs, si vous le compariez à la salle à manger, qui lui est contiguë, vous trouveriez ce salon élégant et parfumé comme doit l'être un boudoir. Cette salle, entièrement boisée, fut jadis peinte en une couleur indistincte aujourd'hui, qui forme un fond sur lequel la crasse a imprimé ses couches de manière à y dessiner des figures bizarres. Elle est plaquée de buffets gluants sur lesquels sont des carafes échancrées, ternies, des ronds de moiré métallique, des piles d'assiettes en porcelaine épaisse, à bords bleus, fabriquées à Tournai. Dans un angle est placée une boite à cases numérotées qui sert à garder les serviettes, ou tachées ou vineuses, de chaque pensionnaire. Il s'y rencontre de ces meubles indestructibles, proscrits partout, mais placés là comme le sont les débris de la civilisation aux Incurables. Vous y verriez un baromètre à capucin qui