Le portrait inaugural d’augustin meaulnes
Une narration à la première personne
Les souvenirs de Fournier ont servi à construire le narrateurpersonnage
François Seurel (voir les notes p. 9-10). Le pronom personnel je désigne à la fois le personnage de quinze ans (p. 11) et le narrateur adulte. L’incipit a servi à préparer l’arrivée de Meaulnes, qui introduit une rupture dans les habitudes. E´ vocation de la petite enfance à Sainte-Agathe
(p. 9-11) et récit des circonstances de la journée décisive
(p. 11 sq.) permettent de retarder l’entrée du personnage éponyme, annoncé dès la première phrase du roman (p. 9). Succédant au bref récit d’une enfance sans histoire, ce premier
1. J. Rivière, préface à Miracles, cité par M. Raimond, ibid., p. 222.
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souvenir d’adolescence est richement étoffé parce que,
Fournier l’a remarqué, la mémoire a pour habitude de poster ses repères autour des moments précieux : Millie a manqué la messe, si bien que François rentre et retourne seul aux vêpres (p. 11), c’est jour de baptême (à prendre au figuré : le lecteur assiste à la naissance du personnage), un dimanche d’hiver (« la route givrée », p. 13).
Un personnage en retrait
Lieu assez rassurant pour être appelé « notre maison »
(p. 13), Sainte-Agathe représente le nid maternel, dont la quiétude est sur le point d’être perturbée (chapeau « renversé comme un nid », p. 14). Des adverbes de rupture temporelle apparaissent : « soudain », « aussitôt » (p. 13 et 14), et la conjonction « mais » souligne des oppositions brutales en tête de paragraphe (p. 14 et 15). François est un garçon timoré dont l’horizon est borné au « premier tournant »
(p. 13), il craint d’agir (« je n’osais pas les suivre », p. 13), de décevoir (« Moi qui n’osais plus rentrer », p. 15), de désobéir
(cf. l’allusion à la boîte d’allumettes, p. 16). En accord avec la monotonie des dimanches, cette faiblesse est indiquée par un mouvement (« frôlant le mur bas », p. 13), un état d’esprit (« un peu anxieux