Le philosophe scythe
L’histoire racontée est celle d’un conseil mal compris, d’une "leçon" mal appliquée, de la transmission défectueuse d’un message ; ne pourrait-on pas alors formuler l’hypothèse que cette histoire reproduit la relation qui peut exister entre le fabuliste et son lecteur ? On imagine sans mal les incompréhensions qui peuvent se produire à partir des préceptes moraux contenus dans les fables, et on aurait ainsi une réflexion sous forme de bilan à propos d’une pratique d’écriture.
I - Un récit figurant la relation entre le fabuliste et son lecteur a - deux personnages typés
* le Philosophe scythe est présenté comme un personnage en évolution ; certes, l’état initial est caractérisé par l’austérité, mais, pour un homme
"Se proposant de suivre une plus douce vie", cet état initial n’est pas l’objet d’un achèvement, d’une clôture, d’une autosatisfaction ; c’est l’ouverture dans la recherche de la "douceur", dans le voyage entrepris comme une quête, dans l’attention au monde, à la recherche de modèles de vie, d’exemples à suivre. Cette situation peut renvoyer à celle d’un lecteur acceptant le contrat de lecture implicite d’une fable, c’est à dire un désir d’apprendre (pas nécessairement formulé), en matière de connaissances et de projet de vie.
* le Sage : personnage désigné par un adjectif substantivé, qui est à distinguer de "philosophe" : renvoie à la fois à un savoir sur le monde, mais aussi à une pratique concrète ; cela lui permet un discours et une pratique, et lui confère un statut de prédicateur possible.
En outre il est défini dans une relation de proximité avec la Grèce, avec Virgile, avec la pensée épicurienne :
"homme approchant des Dieux,
Et, comme ces derniers, satisfait et tranquille."
Il a ainsi atteint l’idéal épicurien, selon lequel les dieux, parvenus à un bonheur éternel, sont des modèles à contempler. Dans sa personne se trouvent condensés des éléments en rapport avec un ensemble beaucoup plus vaste (toute la sagesse