Le paresseux
Je rêve dans un lit où je suis fagoté,
Comme un lièvre sans os qui dort dans un pâté,
Ou comme un Don Quichotte en sa morne folie.
Là, sans me soucier des guerres d'Italie,
Du comte Palatin, ni de sa royauté,
Je consacre un bel hymne à cette oisiveté
Où mon âme en langueur est comme ensevelie.
Je trouve ce plaisir si doux et si charmant,
Que je crois que les biens me viendront en dormant,
Puisque je vois déjà s'en enfler ma bedaine,
Et hais tant le travail, que, les yeux entrouverts,
Une main hors des draps, cher Baudoin, à peine
Ai-je pu me résoudre à t'écrire ces vers.
Commentaire :
L’œuvre du poète est diverse et s’étend sur presque quarante ans (l’ode “la Solitude” aurait été composée avant 1620). Les Œuvres sont publiées pour la première fois en 1629, à Paris chez Pomeray et Quinet; la Suite des Œuvres paraît deux ans plus tard, en 1631, chez le même François Pomeray; la Seconde Partie des Œuvres en 1643 chez Toussaint Quinet. Le poète fait paraître, avant son troisième recueil (les Œuvres, Troisième Partie, Toussaint Quinet, 1649), diverses poésies isolées: la Rome ridicule (1643), un Caprice (s.l.n.d, sans doute 1643) et une Épistre héroï-comique (1644). Il faut alors attendre 1658 pour voir paraître le Dernier Recueil de diverses poésies chez Antoine de Sommaville.
La variété de l’œuvre poétique de Saint-Amant s’appuie à la fois sur une grande diversité d’inspiration et une grande maîtrise formelle: odes (“la Solitude”), méditations (“le Contemplateur”), épîtres, sonnets, épigrammes, poèmes burlesques, chansons, «caprices» et idylles héroïques lui permettent d’aborder tous les tons. L’influence de Marino, sensible dès le premier recueil se mêle d’emblée au goût de la fantaisie bernesque et la séparation instaurée par le poète lui-même marque bien cette volonté de contraste. Avant Scarron, Saint-Amant inaugure la veine héroï-comique. Sa célébration des plaisirs de la vie le font ranger facilement aux