Le paresseux
Je rêve dans un lit où je suis fagoté,
Comme un lièvre sans os qui dort dans un pâté,
Ou comme un Don Quichotte en sa morne folie. Là, sans me soucier des guerres d’Italie,
Du comte Palatin, ni de sa royauté,
Je consacre un bel hymne à cette oisiveté
Où mon âme en langueur est comme ensevelie. Je trouve ce plaisir si doux et si charmant,
Que je crois que les biens me viendront en dormant,
Puisque je vois déjà s’en enfler ma bedaine, Et hais tant le travail, que, les yeux entrouverts,
Une main hors des draps, cher Baudoin, à peine
Ai-je pu me résoudre à t’écrire ces vers.
Biographie de Saint-Amant
Saint-Amant (Marc-Antoine Girard, sieur de)
(1594-1661)
Poète français.
Fils de marchands rouennais, Marc-Antoine Girard naquit à Rouen pas loin de l'abbaye de Saint-Amant, à qui il empruntera plus tard son nom. De son enfance et de sa famille, il ne nous est parvenu que des éléments disparates le plus souvent issus de ses propres écrits. On sait toutefois que son père fut un officier de la marine, que ses deux frères périrent en combattant les turcs, qui tinrent son père prisonnier à Constantinople et tuèrent également deux de ses cousins et d'autres membres de sa famille. Nul doute que Saint-Amant eut alors des raisons particulières pour les haïr.
L'éducation qu'il reçut ne fut pas très raffinée. Pas de grec ni de latin et un défaut de culture qu'il compensa par la fréquentation des gens de la bonne société et par les voyages. A défaut d'humanités, il parla l'espagnol, l'italien et l'anglais, fut un excellent musicien et un poète prometteur. Il aurait failli se noyer trois fois dans la Seine dans sa jeunesse, ce qui fit qu'il eut une sainte horreur de l'eau, lui préférant les joies du vin et de la bonne chère en compagnie de la noblesse de l'époque dans les cabarets parisiens. Il rejoignit très vit la maison du duc de Retz et partit avec ce dernier dans son domaine de Belle-Isle, où il vécut de