Le negre de surinam
Le texte de Voltaire fournit tout d’abord un certain nombre de renseignements précis sur les réalités de l’esclavage au XVIIIème siècle. Si la scène se passe en Guyane hollandaise, il s’agit là d’une transposition purement géographique, car ce sont les pratiques françaises qui sont décrites. Depuis le XVII ème siècle, Le Code noir, publié en 1685, réglemente le statut des esclaves.
1) Le statut de l’esclave: un objet
L’aliénation de l’esclave est ici absolue (aliénation= le fait de dépendre d’un autre). Il est considéré comme un objet, totalement dépourvu d’humanité: “J’attends mon maître” est sa première parole. La soumission est marquée par le terme de “maître” et par l’attitude passive de l’esclave. Il faut également noter sa position “étendu par terre“, qui le place dans une situation inférieure par rapport à Candide.
Cette soumission se manifeste également dans le contraste entre la manière dont l’esclave s’adresse à Candide (emploi du terme “monsieur“, vouvoiement), et celle dont Candide s’adresse à lui. Le jeune homme souligne au contraire l’humanité qui les unit: emploi de la 2ème personne, apostrophe “mon ami“.
La comparaison avec “les chiens, les singes et les perroquets“, considérés comme des animaux de compagnie montre que les esclaves sont jugés inférieurs aux animaux: d’abord parce que la litote (“moins malheureux” pour “plus heureux”) met l’accent sur l’essentiel: le terme de “malheureux“, et ensuite parce que l’hyperbole “mille fois” donne une force accrue à l’expression. Remarquer aussi le choix d’animaux à connotation dévalorisante.
Il est à noter que pour dénoncer cette aliénation, Voltaire donne essentiellement la parole ici à l’esclave, qui décrit lui-même la manière dont il est traité.
2) Le travail et les mauvais traitements
Le travail présenté ici est celui des plantations de canne à sucre. Ce travail aux “sucreries” est présenté comme dangereux: “Quand la meule nous attrape le doigt” évoque le