Le multiculturalisme
Un parcours entre philosophie et sciences sociales
Francesco Fistetti
Note de lecture
Ce qui se manifeste avec acuité à la lecture de l'ouvrage de Francesco Fistetti c'est cette étonnante propension à éclairer tout un débat français autour de l'identité nationale. L’emploi courant de la notion de multiculturalisme en France est en effet entacher d’un relativisme qui occasionne dans son usage lâche une définition nominale. L’exemple de l’usage creux du mot en politique apparaît comme les attributs d'un "langage malade" (Austin) "objectivement servile et utilisé par le système qu'il récuse"(De Certeau).
Cet ouvrage propose une extension discursive à l’entendement de la notion permettant un balayage large. Dans le tourbillon de la réflexivité sur la notion, qui fait foison dans le champ des sciences humaines, ce livre apparaît comme une bouffée d'oxygène tant il synthétise les travaux sur la question.
Le cheminement de Fransesco se nourrit de divers courants critiques comme la French Theory (Deleuze, Derrida, Foucault), les Subaltern Studies de Delhi, la tradition intellectuelle d’Afrique Noire, les Cultural Studies nées de la diaspora antillaise à Birmingham, mais aussi des écrits anticoloniaux qui ont accompagné les luttes pour l’indépendance (Frantz Fanon, Aimé Césaire) et des postcolonial studies. Il puise également nombres de sources chez Gramsci, Hall ou Arendt.
En dressant un panorama de ces différents paradigmes à travers des points de vues philosophiques, anthropologiques et historiographiques d’ici et d’ailleurs, Fistetti fait communiquer des modèles de connaissances propre à remettre en cause l’hégémonie de la pensée occidentale (Gramsci). La subtilité discursive de l’ouvrage consiste à nous amener lentement vers une redéfinition de la notion multiculturelle par les modèles extérieurs à l’occident.
En passant au crible quantité de ses outils et de ses théories, la notion apparaît clairement comme essentielle à