Le monolecte texte de agnès maillard
Tu n'as pas la maison du bonheur? C'est pas grave, tu pourras toujours te payer le paquet de chips du pique nique champêtre de la pub suivante. T'as plus de thunes le 15 du mois alors que tu bosses comme un malade pour un salaire de merde avec un patron tyran? Heureusement, on a inventé le Prozac pour toi! Tu ne peux caser tes grosses fesses de prolétaire dans des fruques taillées pour tes gamins? Tu pourras toujours t'empiffrer de biscuits de régime.
Plus tu regardes la télé, plus ta vie te semble merdique et plus tu dépenses les thunes que tu n'as pas à l'hyper du coin pour compenser?
Ben c'est normal, c'est fait pour cela.
Parce que cela fait depuis toujours que l'on te répète que tu as le droit au bonheur, que c'est normal, que c'est pratiquement le sens de la vie. Et comme le bonheur que l'on te montre est un rêve petit bourgeois d'acumulation matérielle, ben, tu acceptes des tas de choses rien que pour gagner de quoi te payer quelques miettes de ce bonheur universel.
Sauf, bien sûr, que tout cela n'est qu'une vaste arnaque, un jeu d'ombre où c'est toi le pigeon.
Parce que plus tu achètes pour te sentir moins vide, et plus tu dilues ta substance. Il y a toujours l'éphémère jouissance de l'acquisition, le coït