Le modèle américain
Le champ culturel, au sens large, est devenu à partir de 1946-47 un terrain d'affrontement privilégié pour les influences rivales des deux grands vainqueurs de la guerre • Le "modèle américain" A la fin de la seconde guerre mondiale, les USA s'imposent comme une superpuissance politique, mais également comme un modèle économique, social et culturel. Quels sont les fondements et l'évolution du modèle américain? L'influence culturelle des EU s'exerce de façon prioritaire en Amérique latine, au Japon et surtout en Europe occidentale, où elle bénéficie des atouts que confèrent à l'Amérique son avance technologique, sa formidable puissance industrielle et financière, ainsi que le prestige résultant du rôle qu'elle a joué dans la lutte contre les totalitarismes nazi et fasciste, puis dans la reconstruction rapide des pays libérés avec le plan Marshall. A l'image, très répandue dans l'intelligentsia de l'avant-guerre, d'un pays sans âme et sans culture, voué à la robotisation et soumis au règne du dollar, se substitue pour nombre d'Européens celle d'une civilisation qui a su allier aux avantages matériels qu'elle tire de sa haute technicité le respect des idéaux démocratiques. Tout naturellement, à l'heure où dans le contexte de la guerre froide l'Europe affaiblie et sinistrée paraît menacée par un totalitarisme d'une autre nature, les Européens se tournent vers la superpuissance de l'Ouest, non seulement pour lui demander d'assurer leur défense, mais pour se mettre à son école, en oubliant d'ailleurs souvent les zones d'ombre que recouvre à cette date le mythe de l'Amérique terre de liberté (problème noir, inégalité, maccarthysme). La force de contagion du "modèle américain" concerne moins directement les formes traditionnelles et élitistes de la culture -littérature, théâtre, arts plastiques- que les divers aspects d'une culture de masse conforme aux aspirations d'un vaste public, composé principalement de jeunes et épris de modernité. Si