Le malaise dans la culture
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Selon Sigmund Freud, les femmes entrent en opposition avec la culture. Elles représenteraient les intérêts de la famille et la vie sexuelle, tandis que le travail culturel deviendrait toujours davantage l'affaire des hommes, les obligeant à des sublimations pulsionnelles, auxquelles les femmes seraient peu aptes, et retirant aux hommes une partie de l'énergie psychique qu'ils consacrent aux femmes et à la vie sexuelle au profit de la culture. C'est ainsi que la femme se verrait poussée à l'arrière-plan par les revendications de la culture et qu'elle entrerait avec celle-ci dans un rapport d'hostilité. La tendance de la culture à restreindre la vie sexuelle n'est pas moins nette que sa tendance à étendre la sphère de la culture. Déjà, la première phase de la culture interdit le choix de l'objet incestueux. Elle instaure des restrictions par le tabou, la loi et la coutume. La culture doit retirer à la sexualité un grand montant de l'énergie psychique qu'elle consomme elle-même ; pour éviter un soulèvement de la sexualité soumise à la restriction, "opprimée", elle doit prendre des précautions rigoureuses. Notre culture européenne occidentale marque un point culminant de ce développement. Elle interdit d'abord les manifestations de la vie sexuelle enfantine. Elle impose une vie sexuelle d'une même nature pour tous. L'amour génital hétérosexuel continue à subir le préjudice causé par les limitations de la légitimité et de la monogamie : la culture actuelle fait nettement connaître qu'elle ne veut bien autoriser des relations sexuelles que sur la base d'une liaison d'un homme à une femme, contractée une fois pour toutes, indissoluble, qu'elle n'aime pas la sexualité comme source autonome de plaisir, et qu'elle n'est disposée à la tolérer que comme moyen de reproduction, de multiplication des humains, moyen jusqu'ici irremplacé. Cette position s'est bien sûr avérée impraticable. Selon Sigmund Freud, on est vraisemblablement en droit