Le malade imaginaire
LE MALADE IMAGINAIRE
Par Régis POUGET
ACADEMIE DES SCIENCES ET LETTRES DE MONTPELLIER Séance du 24/02/1997 Conf. n°2797, Bull. 28, pp. 35-38 (1998)
Le 17 février 1673, au cours d’une représentation, MOLIERE mourait en scène, dans le rôle du malade imaginaire. Les médecins craignent la fréquentation de tels malades malgré les substantiels revenus qu’ils leur procurent. Ils les traitent de haut ou de loin ou au contraire, les cajolent. Ils les disent atteints d’hypochondrie et les appellent hypochondriaques. Les plus lettrés ou ceux qui veulent le paraître, vont jusqu’à utiliser le terme recherché « d’arganisme ». Il est difficile dans ce domaine d’échapper à MOLIERE. Un auteur à succès de seconde catégorie quoique de l’Académie Française, Marcel PREVOST fait dire à l’un de ses personnages qu’il est atteint de « névrosette ». Pour LITTRE c’est : « une sorte de maladie nerveuse qui fait croire aux malades qu’ils sont attaqués des maladies les plus diverses de manière qu’ils passent pour malades imaginaires, tout en souffrant beaucoup et qu’ils sont plongés dans une tristesse habituelle ». COTARD, un aliéniste célèbre du siècle dernier ajoutait : « une tendance maladive à en déterminer les causes ». Henri EY, plus près de nous, historiquement et géographiquement, « Estimation péjorative de l’état d’intégrité ou de santé du corps ». donnait pour définition :
Dans un rapport écrit en 1975, un montpelliérain, Henri MAUREL décrivait cette maladie ainsi : « Le sujet, habile à paraphraser le discours médical obtient de son alter ego (le médecin) une consultation qui deviendra le lieu de leur affrontement. Cette collaboration, complicité ambivalente dont la rivalité n’est jamais absente engage le patient dans l’auto-observation souvent écrite, des rythmes et cheminements ténébreux, directement perçus de ses propres viscères. Absorbé par les rites compliqués de sa vie et de sa diététique, il élabore une théorie de son mal. Il met en échec une légion de