Le mal de voir
« L’ensemble est hétérogène et même, sur un fonds commun de sensibilité et d’intelligence, contradictoire : on ne peut pas penser à la fois tout ce qui est dit ici. »
Ainsi Henri Moniot, à propos de cette édition de 1976 rassemblant quelques contributions de deux colloques organisés par Paris VII, avoue-t-il d’emblée l’échec de sa propre tentative de synthèse : « la vertu des textes réunis tenant d’abord à leur diversité et à leurs éventuelles contradictions ».
En effet, dans cet ouvrage intitulé Le mal de voir. Ethnologie et orientalisme : politique et épistémologie, critique et autocritique…, ce sont des objets d’étude et des méthodes très variés qui s’offrent au lecteur, et ce n’est qu’après une certaine perplexité que naît la réflexion qui bénéficie d’un recul de plus d’une trentaine d’années.
Le premier colloque Orientalisme, africanisme, américanisme, s’est tenu du 9 au 11 mai 1974. Il présente des études retraçant les origines de disciplines comme l’ethnologie américaine, l’africanisme avec le rôle de Faidherbe au Sénégal ou l’indianisme à partir de la philologie. Mais ce sont également divers bilans des études ethnologiques qui sont proposés, notamment à propos du Brésil et de la Chine, avançant ainsi de nouvelles pistes de recherches. Le second colloque Ethnologie et politique au Maghreb (5 juin 1975), semble quant à lui traversé par deux problématiques avec, d’une part, les propositions d’une relecture et d’une refondation des études orientalistes, et d’autre part, une attention particulière à la question de la politique berbère en Algérie, au Maroc et en Tunisie. Notons que l’ouvrage se clôt par une intervention de Pierre Bourdieu à propos « des conditions sociales de la production sociologique », article fondamental pour remettre en perspective l’ensemble des sujets présentés.
Cette conférence présente donc trois niveaux de recherche qui s’enrichissent mutuellement : tout en se penchant sur des