Le Mal De Montano Vila Matas Commentaire
Enrique Vila-Matas publie en 2003 Le Mal de Montano, une œuvre d’un univers inclassable tant les styles sont imbriqués les uns dans les autres, l’auteur ne cessant de jouer avec l’ambigüité des genres. Dans ce roman, le narrateur est atteint d’une maladie littéraire, le mal de Montano, une obsession de la littérature allant jusqu’à le déposséder de sa propre pensée. Le passage se situe dans la ville de Budapest, où le narrateur donne une conférence sur la littérature et ses auteurs. Cette conférence n’est qu’un prétexte pour revenir sur l’ensemble du récit, et sur les idées critiques à propos de la littérature par le narrateur. Nous tenterons de comprendre comment ce passage s’inscrit dans la continuité du roman, et reflète sa construction générale. Un écrivain ne peut plus penser par lui-même, et finalement rien d’autre n’a d’importance que la littérature.
Vila-Matas continue d’utiliser cette forme narrative qui associe tous les genres. Il s’inspire de ses auteurs modèles, les imitant à l’extrême, allant même jusqu’à s’infiltrer dans leurs propres mémoires. Dans cette troisième partie de roman, le lecteur est plongé au cœur d’une conférence peu orthodoxe. Le narrateur s’épanche à propos de M. Tongoy, son meilleur ami, qui lui fait office de guide de réflexions sur la littérature, et pour qui il entretient un profond respect. Tout au long de son intervention, Tongoy lui dicte ses paroles “La conférence qu’il m’a dicté est aussi étrangère aux conventions de toute conférence…”. Ainsi, ce ne sont plus les mots du narrateur qui sont exprimés, mais bien les mots de Tongoy à travers celui-ci. Son ami semble prendre possession de l’esprit du narrateur. A plus grande échelle, le narrateur multiplie les identités d’emprunt, et s’approprie les pensées des autres auteurs “Le monde ne peut plus être recrée comme dans les romans de jadis, c’est-à-dire à partir de la perspective unique de l’écrivain”. Un unique paradigme