Le mal dans macbeth
Tout Macbeth est fondé sur des erreurs d’interprétation successives, et sur la confusion du littéral et du métaphorique. Les sorcières interviennent trois fois, et s’adressent à deux reprises à Macbeth, en induisant chaque fois des erreurs de différents types, et il convient de s’attarder sur chacune d’entre elles.
— dans leur première intervention (I, 3) le discours des sorcières est marqué par la pression du temps, par l’opposition du présent de la réalité (Glamis), du présent encore obscur dont une facette est ignorée (Cawdor), et du futur (… qui seras roi un jour 47b). Banquo insiste sur cette dimension temporelle en se référant aux semences du temps alors que Macbeth la nie, d’une double manière : d’une part, il réduit ce temps à l’immédiateté de son désir infantile (cf. supra), et d’autre part il refoule la prédiction faite à Banquo parce qu’elle annule ou relativise cruellement la sienne : dire à Banquo Rois tu engendreras, c’est promettre à Macbeth, après le titre de roi, soit la violence qui le destituera (il peut être tué comme il va tuer Duncan), soit la stérilité et l’absence de descendance. Au début de la pièce, avant de tuer Duncan, Macbeth oublie littéralement la prédiction faite à Banquo, il refoule au point de refuser d’en parler avec lui.
— En ce qui concerne la deuxième intervention, les choses sont plus complexes : tout le problème réside dans le fait que Macbeth est parvenu au pouvoir à la faveur d’un dérèglement généralisé du monde (provoqué, peut-être, par la frustration des marrons… I, 3, p. 43), qui a touché le langage comme le reste (beau/hideux). Et Macbeth s’entête et se rassure à voir un sens littéral là où il y a un sens métaphorique, sibyllin, et surtout rassurant : pour interpréter les nouvelles prédictions, Macbeth se réfère à un bon sens, à un "sens commun" qui n’existe plus. L’homme qui n’est pas né d’une femme n’est pas un homme qui n’existe pas – ce qui mettrait