Le legs
Robert Desnos I. Introduction :
Né en 1900, Robert Desnos se passionna pour le journalisme, le cinéma, la radio et l'écriture. Il participa à l'aventure surréaliste, et publia en 1930 dans « Corps et Biens » des poèmes qui jouent avec les ressources du langage. Pendant l'Occupation, il prit vigoureusement parti contre le régime de Vichy et écrivit des poèmes où se mêlent fantaisie verbale et appels à la résistance. Arrêté par la gestapo, il meurt en déportation le 8 juin 1945.
Alors que la seconde guerre mondiale sévissait, Robert Desnos écrivit en 1943 Le Legs, un poème engagé qui fut publié dans « Ce cœur qui haïssait la guerre » par Eluard. Il est composé de 14 alexandrins répartis en deux quatrains et deux tercets aux rimes embrassées.
II. Analyse :
En premier lieu, on peut s’attarder sur le contexte d’écriture de ce poème. Celui-ci fut publié en 1943 en pleine seconde guerre mondiale. A une époque de guerre où la France est occupée par les Allemands, Desnos ne peut se permettre d’écrire un poème de son vrai nom se cachant derrière le pseudonyme de Lucien Gallois. En effet, il prenait le risque de se voir arrêter par les autorités à cause de ce poème engagé où il critique les nazis. Mais c’est bien le ton du poème sur lequel il faut s’attarder. En plus d’être engagé, ce poème est écrit sous le signe de la colère. Des le 1er vers Desnos s’adresse à Hugo, écrivain qu‘il respecte, respect manifesté par l’appellation « Père » (v.1). Mais il exprime déjà sa colère avec l’utilisation de la ponctuation propre à ce sentiment, en expliquant à Hugo que ses textes sont détournés et réutilisés par la propagande hitlérienne « ton nom sur les murailles ! » (v.1). Le poète continue à s’indigner de la situation que le monde vit désignant avec dégoût le régime de Vichy et d’Hitler en les citant et les comparant à la « racaille » (v.4). Il parle des collaborateurs des « Pétain Laval , Bonnard , Brinon » disant d’eux qu’ils « savent trahir » (v.6)