Le garçon de café
Le sujet est un néant : ce qui ne veut pas dire qu'il n'est rien, mais qu'il a la possibilité de tout devenir. Il est donc condamné à être libre, mais la plupart du temps, il cherche à s'en échapper face à l'angoisse de cette liberté. C'est ainsi que le garçon de café devient garçon de café : à travers le mode d'être que Sartre appelle "mauvaise foi". Dans la mauvaise foi, nous sommes ce que nous ne sommes pas réellement : c'est un écart entre ce que l’on est et ce que l’on fait apparaître de soi-même.
2/ Résumé
Jean-Paul Sartre choisit d'étudier la gestuelle d'un garçon de café, dans le but d'étayer sa définition de la mauvaise foi. Il observe le va-et-vient d'un garçon de café. Son allure, sa démarche sont irréprochables, « un peu trop » parfaits. Il est très courtois avec la clientèle. Il a revêtu le costume de l'employé modèle. Il fait ce que la société attend de lui : il rentre dans un moule. Il est prisonnier de son propre rôle, il « joue à être garçon de café ». Or, jouer à être quelqu'un, c'est avoir conscience qu'on n'est pas ce qu'on joue.
Lorsque l’on endosse un rôle, on tente de réaliser « un être-en-soi ». Cet être-en-soi est l’essence même d’une chose. Dans le cas de l’encrier ou du verre, l’être-en-soi n’est pas difficile à définir, il s’agit de l’objet lui-même. Mais l’être-en-soi d’un homme est d’un accès plus complexe. Il ne peut être saisi qu’une fois la mort survenue, car si l’encrier et le verre sont, l’homme lui, existe. Il est un être-pour-soi, une conscience. La conscience n'a ni forme, ni contenu, ni fonction : elle est pur néant et pure liberté. Cependant, l’homme, par mauvaise foi, se ment à lui-même sur ce qu’il est vraiment. Pour cette raison, le garçon de café fait « comme si », c’est-à-dire comme si sa fonction était urgente, comme s’il n’était pas libre de se lever à l’heure qu’il veut. Par sa conduite exagérément stéréotypée, le serveur veut