Quoiqu’elle soit aujourd’hui jugée peu satisfaisante et inachevée par la société civile occidentale, la démocratie représente tout de même une grande avancée en ce sens que contrairement à l’Ancien Régime, elle permet au peuple d’être acteur de son histoire et maître de son destin par délégation de pouvoir. En Afrique subsaharienne où plusieurs problèmes de pauvreté et d’exclusion sont dus au fait que les gens n’ont pas la capacité effective de défendre leurs droits et d’orienter leurs avenirs par des choix libres de leurs dirigeants, les principes démocratiques ne sont pas un luxe. De là le fait qu’en apprenant il y a quelques jours la mort du président togolais et son remplacement immédiat par son fils, plusieurs personnes se sont sûrement demandé si cette disposition existait dans l’actuelle Constitution togolaise qui se veut démocratique. Peu de temps après, les réactions timides de l’Union Africaine (UA) et de la France invitant au respect de la légalité constitutionnelle, justifiaient nos doutes et confirmaient qu’une fois de plus, un pays africain venait de fouler aux pieds ses propres lois. Et pourtant, chaque pays africain a une Constitution que le petit Larousse définit comme « l’ensemble des lois fondamentales qui établissent la forme d’un gouvernement, règlent les rapports entre gouvernants et gouvernés et déterminent l’organisation des pouvoirs publics » . A quoi sert donc la Constitution en Afrique subsaharienne si les pays africains en possèdent mais appliquent autre chose que ce qu’elle prévoit ? Notre tentative de réponse à cette question difficile avance deux hypothèses autour desquelles se structure ce texte.
-La loi fondamentale n’est pas appliquée en Afrique parce que des réseaux d’élites politiques, économiques et intellectuels locaux ayant pris l’État et les populations en otage depuis des années, veulent préserver leurs acquis et leurs positions dominantes en privilégiant le statu quo à l’alternance