Le Fusain

L e fusain compte parmi les instruments de dessin les plus anciens. Il est fabriqué par combustion en vase clos, à partir de baguettes de saules, de vignes et autres brindilles. Si le bois est carbonisé, il conserve cependant sa forme, qui le rend prêt à l’emploi comme instrument de dessin. Cennino Cennini nous a livré la recette du XIè siècle. On liait les baguettes en un petit fagot que l’on plaçait dans un pot bien scellé, destiné à passer une nuit dans le four du boulanger. Deux siècle plus tard, Volpato a décrit comment les baguettes étaient fourrée dans un tuyau métallique, lequel était déposé dans la braise, chauffée à blanc, puis brutalement plongée dans l’eau froide.

Aujourd’hui, le saule destiné à la fabrication du fusain pousse en plantation et est récolté en hiver. L’espèce la plus courante, Salix fragilis, fournit les batônnets standars du fusain pour dessin. Les longues tiges (2,3m) du saule s’éfilent naturellement et donnent à la fois des baguettes épaisses, de section moyenne, et des fines. Une autre espèce, le saule des vanniers, Salix viminalis, dont la récolte s’effectue tous les deux ans, produit un bâton plus épais, qui convient mieux aux travaux de grande envergure.
Une fois les baguettes de saule triées, elles sont fagotées et bouillies pendant 9 heures afin d’amollir l’écorce. Ensuite les baguettes sont dénudées à l’aide d’une machine à rotation , puis séchées au soleil. On en refait alors de gros fagot qui sont sciés en longueur standard, et entassés dans des boites de cuisson en fer, qui sont comblées de sable et placées sur une table vibrante. Après un préchauffage destiné à compléter le séchage, les baguettes sont cuites pendant plusieurs heures dans un four porté à haute température. Durant la cuisson, elles rétrécissent considérablement, créant des vides que le sable comble. Vingt-quatre heures plus tard, lorsque les baguettes de saule, devenues fusain, ont suffisament refroidies, elles sont embalées. (Si le