Le détour par l"autre
Sous la direction de Nicole Aubert édition Erès
1 Un individu paradoxal N.Aubert
A partir des années soixante dix, se dessine la société de l'hyper-consommation, société flexible, sans frontière et sans limite. Deux pôles extrêmes se dégagent.
D'un côté les individus qui vivent dans l'excés permanent – excès de consommation, mais aussi excès de pressions, de sollicitations, de stress – et qui en quète de performances toujours plus grandes, se brûlent dans l'hyperactivité tout en se débattant dans un rapport au temps toujours plus contraignant. Ceux-là correspondent à ce que Vincent de Gaulejac appelle la face « flamboyante » de l'individualisme contemporain. Si ils ont pu accéder à l'autonomie et, de ce fait, entrer dans « les aventures de la subjectivité », c'est aussi comme le rappelle Robert Castel, parce qu'ils bénéficiaient d'un socle de ressources économiques et sociales.
De l'autre, ceux qui constituent la face négative de l'hypermodernité, des individus qui n'ont jamais bénéficié de supports économiques ou dont les supports se sont éffondrés et qui, dès lors, ont connu un parcours d'exclusion ou d'échec.
Eugène Enriquez évoque ainsi l'apparition d'individus nouveaux « sans surmoi, sans idéal du moi ( sauf l'argent, le sexe, la sécurité ou la santé).
Dans cette exigence de dépassement personnel, c'est une sorte de transcendance de lui-même que recherche l'individu, transcendance du dieu intérieur qu'il porte en lui et qui semble avoir pris la place du dieu tout-puissant des religions traditionnelles.
Les pathologies : de la défonce toxicomaniaque, addiction de substances destinées à soutenir un rythme de performances. Alimentaires : obésité, anorexie. Pathologies professionnelles, pathologies sociales de l'épuisement, dépression.
Michel Maffesoli : L'individu des « tribus » contemporaines est un enfant éternel qui vit dans le partage des émotions et des affects. Le temps n'est plus celui de la culture « héroïque »