Le désir
Tout désir est toujours le signe d'une insatisfaction. Tout désir est le signe d'un manque. Si je désire quelque chose, c'est que je ne le possède pas.
Entre savoir et ignorance, Amour est intermédiaire. Voici ce qui en est. Parmi les dieux, il n'y en a aucun qui s'emploie à philosopher, aucun qui ait envie de devenir sage, car il l'est; ne s'emploie pas non plus à philosopher, quiconque d'autre est sage. Mais pas davantage les ignorants ne s'emploient, de leur côté, à philosopher, et ils n'ont pas envie de devenir sages; car ce qu'il y a précisément de fâcheux dans l'ignorance, c'est que quelqu'un, qui n'est pas un homme accompli et qui n'est pas non plus intelligent, se figure l'être dans la mesure voulue: c'est que celui qui ne croit pas être dépourvu n'a point envie de ce dont il ne croit pas avoir besoin d'être pourvu.
- Quels sont donc alors, Diotime, m'écriai-je, ceux qui s'emploient à philosopher, si ce ne sont ni les sages, ni les ignorants ?
- La chose est claire, dit-elle, et même déjà pour un enfant! Ce sont ceux qui sont intermédiaires entre ces deux extrêmes, et au nombre desquels doit aussi se trouver Amour. La sagesse en effet est évidemment parmi les plus belles choses, et c'est au beau qu'Amour rapporte son amour; d'où il suit que, forcément, Amour est philosophe, et étant philosophe, qu'il est intermédiaire entre le savant et l'ignorant.
PLATON, le Banquet
Désirer, c'est tendre vers quelque chose que l'on ne possède pas encore. Je ne désire que ce dont je manque. Celui qui atteint son but cesse de désirer. Par exemple, si la philosophie est l'amour du savoir, elle n'est donc pas le savoir lui-même, la possession de la vérité, mais l'effort pour l'atteindre. C'est pourquoi ce texte, dont l'objet est apparemment la philosophie, comporte aussi une réflexion sur le désir. Si la philosophie est amour du savoir, elle est donc le signe d'une ignorance, d'un manque de savoir. Le désir est donc nécessairement, par