Le désir philo
A – Problématisation : règles générales
Justifier l’examen philosophique d’une notion, c’est rattacher cet examen à l’effort pour creuser la « question de l’homme », d’approfondir la quatrième des questions (« Qu’est-ce que l’homme ? ») dont Kant fait la liste dans la préface de sa Logique, et dont la dernière résume l’objet de la philosophie. Pourquoi réfléchir philosophiquement sur le désir ? On dira que l’homme est un être de désir, et que cette question est donc naturellement une partie de la précédente. Mais il faut préciser. Justifier l’examen de la notion de désir, c’est dire qu’avec le désir se joue quelque chose d’essentiel pour l’homme. En quel sens ? Tout ce que je suis ne m’est pas « essentiel ». Une anecdote veut que Platon ait un jour défini l’homme « animal à deux pieds sans plumes ». Diogène aurait apporté un poulet plumé et déclaré : « voilà l’homme selon Platon ». Platon aurait alors corrigé : « … et dont les membres inférieurs comportent cinq doigts ». La précision est inutile. Rien ici ne désigne ce qui est essentiel à l’homme. Qu’est-ce qui est essentiel ? On peut dire qu’une bonne définition (en géométrie par exemple) énonce ce qui permet de déduire les propriétés de l’objet considéré. Là est l’essentiel. Une bonne définition philosophique est celle qui permet d’atteindre, quand on la creuse, tout l’homme. Par exemple on définira l’homme comme animal religieux, non seulement parce qu’il est le seul (c’est à montrer), non seulement parce que tout homme l’est (cela aussi serait à montrer, et obligerait sans doute à préciser la notion de religion), mais aussi parce que si je cherche ce que suppose le fait d’être religieux, je ne trouverai pas un aspect particulier de l’homme, mais peut-être toute la nature de l’homme, que suppose sa dimension religieuse. La question est donc : lorsque je considère l’homme comme être de désir, qu’est-ce qui m’apparaît de lui ? Jusqu’où cela me le fait-il apparaître dans son entier ? Le